10 Avr Presse Océan
Loire-Atlantique
INVENTION. Le Nantais Jean-Paul Augereau a créé la Safe Water Cube, une fontaine à eau potable.
Il donne à boire au monde
Entrepreneur forcené, il a voulu donner un autre sens à sa vie. Il écoule une fontaine à eau potable de son cru.
La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille Jean-Paul Augereau, bientôt la cinquantaine, peut en attester après avoir failli boire la tasse il y a dix ans, happe par les tourbillons d’un rythme effréné de dirigeant d’entreprises «J’imprimais des parasols publicitaires et je fabriquais des fringues en coton Je n’étais mis dans un système de grand malade, je passais mon temps dans les avions, c’était de la folie ».
«À deux jours près, j’étais mort. J’avais bu de l’eau insalubre »
« Et puis soudain plus rien, j ai fait une septicémie qui m’a bouffé la valve aortique et m’a valu une greffe d’urgences. A deux jours près, j’étais mort. J’avais bu de l’eau insalubre en Egypte » II allait lui falloir refaire surface « En convalescence à Machecoul, je peinais a suivre des septuagénaires qui avaient subi un triple pontage ». Et redonner un sens a sa vie « J ai appris le mot plaisir, j’ai découvert qu’il y avait des êtres humains au tour de moi ! fallait que je redonne quelque chose aux autres » Sa rédemption coulait de source « Sans eau potable, on meurt. C’est le cas de 2,6 millions de personnes tous les ans dans le monde, d’un enfant par minute. Alors dans ma mégalomanie je me suis dit je vais donner a boire au monde Ce que je fais, je sais pourquoi je le fais».
Et Jean-Paul Augereau, ingénieur en génie mécanique et électrique de formation, de plonger dans ce bain de jouvence qui consistait à « travailler sur la potabilisation de l’eau, et ce sans produit chimique » Trois ans de recherches pour aboutir à un procédé à « cinq étapes de filtration, la dernière – de la céramique – retenant les virus et bactéries les plus dangereux » capable d’assainir « toutes les eaux de surface, à raison de 1 000 litres d’eau à l’heure » Un procédé plus au point que la machine elle-même, à la durée de vie limitée, faute d’entretien.
Ce n’est qu’en 2015 que le chercheur nantais trouvera la « bonne formule » la Safe Water Cube. Un modèle «entièrement mécanique», «ne nécessitant aucune maintenance» sinon «un nettoyage des filtres à l’eau et au vinaigre» et, surtout, confie «à une population formée».
C’est la clé, assure le Nantais président de l’association Agir Ensemble, qu’il a créée en août 2016 et que l’entreprise Élan Cité héberge gracieusement à Orvault « La moitié des puits financés par les ONG ne fonctionnent plus, car il n’y a pas de suivi. J’ai donc proposé une pièce de théâtre, financés par Nantes métropole, sur les thèmes de l’eau, de la santé, du lien social Elle est jouée par les enfants en France mais aussi dans les villages où la Safe Water Cube doit arriver. Ils en parlent à leurs parents, toute la population est impliquée et avertie que deux personnes vont devoir entretenir la fontaine ». La pompe est amorcée, une quarantaine d’unités (5 500 €, hors frais de douane) ont déjà été implantées dans neuf pays sur trois continents « Nous avons des demandes pour bien plus de 500 fontaines. Nous travaillons avec les associations et les aidons à financer leurs projets via un fonds de dotation. Nous venons d’ailleurs de lancer une campagne pour équiper le village de Dschang, au Cameroun ».
Les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Interview effectué par : Laurent Battarel – Presse Océan
Crédit photo : Nathalie Bourreau